Les yeux dans les yeux,
l’un ne voit que l’autre,
l’autre ne voit que l’un.
L’environnement estompé
n’est là que pour les servir.
Les carreaux en damier,
symbole de la dualité humaine,
sont droits, comme tranquillement oubliés ou mis de côté,
ou sont comme une flammèche hors de tout souffle orageux.
L’état amoureux élimine le monde au profit
de deux êtres,
chacun attendant tout de l’autre.
L’état amoureux néglige toute projection extérieure
de lui même,
hormis son propre reflet béat.
Il est également rétif et agacé à toute intervention extérieure.
L’état amoureux ne gênera nullement
deux hyperboréens au milieu du désert d’Arabie.
De part sa place sociale, au niveau zéro,
de par ses comportements de folie irréfléchie,
l’état amoureux est porte démesurément ouverte
aux pires enthousiasmes.
L’état amoureux,
c’est aussi l’état de déploiement recroquevillé.
On peut dire dans ce cas,
que c’est peut-être un état enviable,
comme celui lié à l’emprise d’un stupéfiant.
Demain, le réveil ?
Mais demain est dans ce cas,
le seul mot rimant avec jamais.
On peut dire que l’état amoureux
n’est pas encore l’état d’amour.
© Pierre Shasmoukine 2003