Les yeux enchaînés
ne sont fixés que sur ton sexe.
Les lèvres barbelées
s’ouvrent sur les formes de ton sexe :
les pensées sont aveugles et muettes,
et ne semblent se réveiller que pour encadrer, ensexer.
Affaiblies, petit à petit, elles vont disparaître,
et faire mourir ainsi toutes les autres fonctions.
On ne voit plus l’autre,
et l’autre ne vous voit plus.
C’est alors pour l’homme la mort dans cet univers.
Pourrir à l’air, devenir de chair dévorée :
parce que la pensée a négligé la caresse, l’action,
la couleur, la forme,
la terre de bruyère à odeur de fougère...
Pourrir à l’air et devenir terreau pour nourrir
l’arbuste du passage.
Nourrir ses racines, rameaux-ramures,
fleurs, bourgeons, épines.
Arbuste qui, bien évidement, tout naturellement,
va partager son espace.
Abriter la pluie rosée, les oiseaux, les insectes
et le regard de l’homme triste, s’il le veut.
Vivre d’un même plaisir, les pâleurs et les éclats,
éclairs de lune, éclats de soleil, clairs d’orage.
Pâleurs des aubes, des pluies et des hommes tristes
qui vont mourir.
Eclat de tous les désirs...
Pâleurs de toutes les douleurs...
Venez vous réfugier,
bien évidement, tout naturellement,
dans les rameaux-ramures de l’arbrisseau du passage.
© Pierre Shasmoukine