Comment raconter la démarche plastique de Shasmoukine sans utiliser un vocabulaire hermétique destiné à dérouter le lecteur comme l’artiste nous déroute nous-même ? Il est vrai que c’est le propre des créateurs que de nous donner à voir un monde familier sous un jour inconnu jusqu’alors.
Les sciences de l’esprit, la technologie, l’humanisme intéressent cet homme étrange, et la chimie de ses passions mêlées secrète des filtres visuels qui nous envoà »tent et nous laissent étourdis.
Je ne suis pas sà »re que l’on puisse parler de tableaux, je ne sà »re non plus qu’il s’agisse de sculptures. Ce serait plutôt un compromis entre les deux, dans lesquels nous pénétrons comme dans un vaisseau magique pour un voyage vers la poésie.
L’imbrication de matériaux divers, de miroirs, de lumières noires, de couleurs vives, d’architectures rigoureuses, perturbent nos raisonnements cartésiens. Mais notre cÅ“ur s’ouvre devant une fête des sens. Notre jubilation vient probablement du bonheur d’avoir appréhendé l’univers à la fois brutal et raffiné de cet illusionniste, sans nous être posé la question du cheminement qui nous a conduit à cette grande plage de plaisir serein.
Régine MINET
Directrice de la Galerie d’Art de la Place Beauvau, Paris,
le 15 janvier 1987