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Oper-sexis
Le Regard Papillon
Acte 3 : Le Regard

Le Regard Papillon
Peinture
Technique mixte sur bois
310 x 160
2002


Le regard se fuit, se cherche...
Le regard papillon bat des cils...
Le regard se trouble, frissonne,
et fatigué de se chercher, s’écroule...


Le regard s’échappe en haut,
car il n’ose passer la frontière...
Le regard s’enfuit en bas,
car il croit aux barrières...
Tous les jours il en est ainsi,
partout.


Autant de millions d’insectes que de millions de regards,
qui font chacun leurs petits chemins dans leur petit pays,
préoccupés,
car il faut éviter les fictives barrières,
oser franchir les frontières
de cette immense planète,
charpentée, structurée, tissée,
des millions de fils, liens invisibles :
nos regards...


Puis le regard devient conquérant
aux yeux fixés droit devant.
Là, le regard n’a pas l’habitude de flâner,
de rêver, de contempler...


Puis le regard peut être collision,
deux météorites cernées d’éclairs
qui se heurtent, s’éclatent et s’éparpillent
en mille étoiles, mille chemins, mille opportunités...


Puis un jour, une cohésion.
Deux regards se retrouvent pour flâner,
s’apprivoiser, se courtiser...
et dansent de complicité,
de tendresse et de désirs avoués...


Deux regards papillon au-dessus des fleurs en bac...
Deux regards grues cendrées sur la surface du lac.


Dansent deux regards en attente, haletants,
comme des pistils que le souffle a déposé dans le pré...


Dansent sur un visage de chaque côté deux larmes d’émotion...
Dansent deux regards avant de s’accoupler...
Dansent et se cherchent en haut, en bas,
puis se croisent une première fois,
puis se rencontrent en harmonie avec la magie du cœur qui bat.
Oser paraît insurmontable.
Ne pas oser paraît insoutenable.


Les regards font un pas et se maquillent en sourires.
Un des sourires est effronté...
l’autre, l’air plus réservé...
C’est le jeu favori des regards.
Deux regards convaincus,
qui se proposent d’échanger leurs pétales.
Deux larmes tombées ensembles
sur un petit guéridon ciré
et qui s’étalent...


Arrive une tendresse
qui étouffait au fond de l’Å“il,
et qui vient, suffocante,
respirer àla lisière du regard.


Un regard qui recule, recule,
et peut s’écraser dans le ravin
un regard qui recule, recule,
pour mieux s’élancer dans un avenir,
d’inexplicables et exigeants désirs.





© Pierre Shasmoukine


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