Guitares, cithares ou baïniks,
cordes pincées sur mes aigus et sur mes nuits,
cordes pincées sèches sur ton clito mouillé,
dans la nuit tu gémis,
alors j’ai envie de te lécher.
Tablas, gamelans, dgébés,
peaux et bois frappés sur les graves de mes journées.
Je guette où t’attraper de ma main blanche
et frapper ton cul noir,
seule mélanine entre nous.
Alors je grogne, cherche à te mordre,
joue à te faire peur et tu t’excites...
Et nous cherchons les autres instruments,
mélodies aux autres de tes sens.
Veux-tu être à genoux, offerte, penchée,
ou accroupie, ou allongée écartelée,
pour mes deux doigts recourbés,
qui vont s’enfonçer palper et pianoter,
appuyer pour que tu gémisses sous ma pression,
pour que tu gicles et voyages,
gicles sur ma main et parfois sur mon torse,
coules sur mes mains et coules sur mon bras,
avec ta bouche ouverte et dents que je vois,
ou cul tendu au bout de mes doigts tendus ?
Et que j’aime tout cela,
coules sur mes mains que mes deux doigts complices,
mais presque immobiles,
où seul leur bout pulpeux va chercher,
sous tes fesses tendues,
à genoux, dans ta chatte offerte et ton dos coulé :
le point G.
Mon autre bras, mon autre main naviguant,
de tes fesses palpées,
à tes seins pressés,
et ta taille agrippée.
Geins, gémis et gicles au mystérieux point G,
que je veux garder mystère,
et coule ta jouissance de bleu et de blanc,
épanouie pour terminer cette peinture,
et une autre fois dans une autre cérémonie,
jouissance récupérée pour dorer ce flacon.
Et sur les autres instruments, mélodies de nos autres sens,
dans d’autres espaces, d’autres temps,
pour faire monter nos esprits et nos corps,
vers les cieux enneigés, enfleuris ou étoilés,
de ceux qui s’aiment, se désirent et veulent qu’il en soit ainsi.
Mes deux doigts sont forts sur les grosses touches blanches,
dures comme l’os de l’intérieur de ton sexe qui veut.
Mes deux doigts sont légers sur les petites touches noires
de ton sexe qui veut.
J’appuie, j’arrête, je caresse, j’appuie, j’arrête, j’appuie,
tu geins, tu gicles, je laisse passer le liquide chaud,
et referme et j’appuie et je t’enserre, toi, heureuse,
qui maintenant regarde par la fenêtre,
absente, inconsciente, assourdie, libérée.
La fenêtre est une tour de lumière,
la fenêtre est cathédrale de transparence
invisible aux autres hommes du reste du monde,
qui eux lèvent leurs doigts au dessus de leur tête,
pour mieux essayer de supporter les angoisses
qu’ils portent sur leurs épaules,
en oubliant que leurs mains,
que leurs doigts sont vivants et peuvent parler,
en oubliant même que des mots simples
savent creuser les cœurs à les vider.
Mains pour travailler ton corps, lèvres pour le baiser,
langues pour lécher, mots pour dire l’amour.
La première fois j’ai pensé, et pris une toile carrée,
pour raconter les journées d’attente,
La deuxième fois j’ai voulu ton empreinte.
Je l’ai prise découpée et collée,
La troisième fois j’ai voulu ton plaisir,
et c’est pour marquer tout ça, que je suis là .
Mes deux doigts, tes cheveux défaits,
tes cuisses écartées, ton râle mystérieux,
une nouvelle couleur sur la peinture carrée,
celle de la jouissance du point-G-que-j’aime.
Mille papillons volettent et tombent de tes yeux.
Sur les ailes de certains, des dessins comme des lettres.
J’en attrape pour le dire et l’écrire.
Et pour dire et écrire,
avec les signes mystérieux des ailes de papillon,
il faut les leur arracher.
© Pierre Shasmoukine